Un doigt touchant un écran interactif faisant apparaître des circuits informatiques.
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Fondée en 1995, Irosoft a fait sa marque en développant des outils technologiques afin de permettre à ses clients de transformer l’information disponible en donnée exploitable. Aujourd’hui, elle étudie avec attention les dernières tendances et méthodologies en matière de traitement automatique des langues naturelles (TALN/NLP), d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle (IA) afin de mieux se déployer dans l’écosystème des technologies de l’information du domaine de la finance et des assurances.

« Depuis un an, on a beaucoup cheminé, estime Alain Lavoie, président de la firme. Ce qu’on a décidé de faire, c’est d’appliquer [notre technologie] dans de nouveaux secteurs comme les assurances, les manufactures et la santé ». L’entreprise a amorcé ce virage il y a quatre ans, dans l’optique d’accélérer sa croissance.

Un pari audacieux marqué par la signature de plusieurs ententes avec des PME et organismes, incluant le Laboratoire de cyberjustice de l’Université de Montréal et l’Institut de valorisation des données (IVADO), et dont les perspectives s’annoncent intéressantes pour l’entrepreneur.

Le partenariat conclu avec IVADO en 2017 a notamment contribué à la création par Irosoft d’une plateforme qui permet entre autres choses d’anonymiser des textes et des données provenant du secteur juridique. Elle est déjà utilisée par certains cabinets d’avocats, indique Alain Lavoie dans un entretien avec Finance et Investissement.

Pour propulser sa nouvelle stratégie de développement, la firme a récemment choisi de réorganiser ses activités autour de trois divisions. Il y a d’abord Irosoft juridique, qui s’articule principalement autour de l’outil phare d’Irosoft, la solution de gestion de l’information législative (LIMS) et qui est implantée auprès de multiples juridictions et agences gouvernementales à travers le monde. Irosoft Numérique répond quant à elle à des mandats de services-conseils dans le domaine de la gestion de l’information et de la transformation numérique à l’aide de conseillers spécialisés. Finalement, il y a Irosoft Intelligence, qui est dotée d’un centre d’expertise dédié à la création de solutions innovantes en valorisation de données et en gestion intégrée de documents (GID).

L’an dernier, Irosoft a par exemple créé un système visant à améliorer l’efficacité de la gestion des assurances collectives. La plateforme intelligente permet de lire et de décoder le contenu d’une brochure, un ouvrage « colossal » facilitant le travail des analystes, fait valoir Alain Lavoie, considérant qu’un assureur peut traiter jusqu’à 20 000 demandes de soumission par année.

« Une des douleurs importantes dans le domaine des assurances, c’est lorsqu’il manque d’informations et qu’il nous manque des paramètres pour traiter une soumission », explique l’entrepreneur, ajoutant que cela fait perdre temps et clients à ces entreprises. Après avoir mis à l’essai ce système, Irosoft affirme que le taux de précision de lecture atteint 90 %.

Entre risque et confiance

Si l’adoption ou le développement de systèmes technologiques robustes par les acteurs de l’écosystème financier semble être incontournable, encore peu d’entreprises sont véritablement prêtes à passer à l’action, admet Alain Lavoie. Nombreux sont ceux qui assistent à des conférences et en ressortent inspirés par le potentiel pouvant découler de l’adoption de tels systèmes, mais l’entrepreneur a l’impression qu’il faut ensuite les confronter à la réalité. D’abord, il faut monter un plan d’affaires pour s’assurer que le projet sera rentable, compte tenu des coûts importants d’une telle démarche. Mais aussi, « on doit leur dire (aux investisseurs) qu’il va falloir prendre des risques ».

Le risque. Cet élément demeure déterminant pour l’implantation d’outils technologiques. Par exemple, « dans le contexte des banques, c’est un frein car elles ont peur de libérer des données qui contiennent des informations confidentielles. Mais il y a quand même des ententes qui commencent à se faire », constate Alain Lavoie. Celui-ci se réjouit par ailleurs que son entreprise ait été sélectionnée comme fournisseur par le gouvernement fédéral. « On était parmi les grands joueurs à soumissionner. C’est une fierté pour l’équipe », raconte-t-il.

Selon Alain Lavoie, il faudra continuellement composer avec cette notion de risque. « Par contre, on peut faire des partenariats avec des compagnies certifiées en IA et des tiers de confiance » pour libérer les données. Ce dernier tient à relativiser les inquiétudes, qui proviennent en grande partie des consommateurs. « Les banques en savent probablement plus sur vous que vous-mêmes », avance-t-il.

L’intérêt pour la fintech est grandissant, tout comme le nombre de joueurs à faire leur incursion dans l’industrie. C’est pourquoi l’Autorité des marchés financiers (AMF) a créé un courriel unique invitant les entreprises en démarrage à poser leurs questions. Tout récemment, elle a publié son règlement sur les modes alternatifs de distribution, qui précise l’encadrement de la vente de produits d’assurance par Internet et sans représentant.

Par ailleurs, Finance Montréal s’apprête à inaugurer son hub d’ici la fin de l’année, la Station FinTech Montréal. Installée à même la Place Ville-Marie, au cœur de la métropole, elle a pour mission d’agir comme catalyseur du développement de solutions technologiques financières au Québec et au Canada.

De même, selon son premier budget déposé en mars 2019, le gouvernement Legault a prévu investir 329 M$ sur cinq ans dans le développement de l’écosystème en IA. Un investissement encourageant, avance Alain Lavoie, compte tenu du fait que la métropole a la plus grande concentration de chercheurs en recherche opérationnelle au monde. L’avenir s’annonce donc prometteur pour l’industrie qui pourra se donner les moyens de ses ambitions, conclut le président d’Irosoft.

(Avec la collaboration de Richard Cloutier)

EN CHIFFRES

Le pouvoir de l’IA dans le monde

40 %

Des projets de transformation numérique utiliseront des services d’intelligence artificielle cette année

75 %

Des applications d’entreprise utiliseront l’IA d’ici 2021

37 %

Augmentation annuelle des investissements en IA au cours des quatre prochaines années

Source: International data corporation (IDC) 2018